Nolhan ∞ Noam

Ce matin, je m’étais levé à l’aube pour aller courir sur le bord de la plage. J’aimais courir les pieds dans l’eau, sentir le vent frais dans mes cheveux ébouriffés et l’odeur du sel dans l’air. J’avais enfilé un short de sport et mes baskets et était parti torse-nu, Daft Punk à fond dans les oreilles. C’était mon rituel quotidien depuis les trois mois et demi que j’étais rentré d’Ecosse. J’avais acheté cette maison en bord de mer sur la plage, un coup de cœur dès que je l’avais visité. Elle était grande et il est vrai que je vivais seul ici, mais j’aimais la tranquillité, le paysage quand je me levais, mais surtout, les bruits permanents de la mer. Ici je me sentais chez moi, loin de tous les soucis quotidiens liés au travail, loin de la pollution, des bruits de circulation, des klaxons et des insultes des chauffards énervés. Ici j’étais tranquille, je faisais ce que je voulais. Je me réveillais avec le soleil, l’odeur du sel et le bruit des mouettes, ma préférence ici. Après avoir couru une bonne heure, je rentrais chez moi, un peu essoufflé, par la baie-vitrée que je n’avais pas fermé et sautais directement dans la douche.

En sortant de la douche, j’entendis du bruit dans la maison, je m’arrêtais de bouger et écoutais, les sourcils froncés. Il fallait vraiment que je ferme les portes, j’allais finir par me faire cambrioler un de ces jours. Je reconnus ensuite la voix de mon frère jumeau, Nolhan. Je souris, pas étonné, il était encore entré chez moi comme on entre dans un bar. Il avait pris cette drôle d’habitude qui ne me dérangeait pas puisque je vivais seul ici. Evidemment, le jour où je vivrais avec quelqu’un, il faudrait instaurer des règles. Mais je ne vivrai jamais accompagné, je ne me voyais plus aimer personne depuis que Leona était partie. C’était aussi de ma faute, je n’avais qu’à fermer ma maison, je n’étais pas bien futé parfois. Je laissais tomber la serviette que j’avais autour de la taille et criais « J’arrive ! Je m’habille et j’arrive ! » J’enfilais un t-shirt noir, un jean et allais chercher mon ordinateur portable dans mon bureau. Je filais ensuite retrouver mon frère, les cheveux ébouriffés. Je souris en constatant que nous étions habillés de la même façon. Je le saluais. « Salut, ça va ? » J’allais ensuite fouiner dans le sac qu’il avait déposé sur la table de la cuisine. « Hm des muffins au myrtille. T’es un Dieu, Nolhan. » Après avoir mangé quelques muffins et bus mon café, je m’installais en face de mon frère et ouvris mon ordi. Nous échangeâmes les banalités sur comment on allait et on se mit à travailler. Je m’étirais et pris la parole, un tableur ouvert devant moi et des papiers éparpillés autour de l’ordi. « Bon alors, commençons par le chiffre d’affaires du mois dernier ? Où en sommes-nous ? » Je levais la tête de l’ordi et regardais ma copie conforme.

Visite surprise

Nolhan, Noam & laora

© Starseed

Nolhan ∞ Laora ∞ Noam

Tandis que mon frère m’exposait les faits, je prenais des notes sur mon PC portable. Quand mon frère me parla de mon père, je fus rassuré. Quand nous étions dans ce genre de situation, un peu délicate, il suffisait d’appeler papa et il trouvait toujours un moyen de nous aider. Il nous sortait assez souvent de nos impasses depuis la délocalisation de l’entreprise à Tree Hill. Je déclarais d’un ton assez calme, parce que je savais qu’il n’y avait pas de quoi s’affoler. « De toute manière, on savait que ce ne serait pas facile les premiers mois en venant ici, mais on va se reprendre, je vous fais confiance à toi et papa pour vous occupez de ça. » Quand nous avions pris la décision de venir ici, nous avions fait ça ensemble. Nolhan voulait vraiment revenir ici, et moi je voulais quitter ce pays que j’aimais tant mais qui me rappelait trop Leona. Et puis il y avait eu l’annonce de notre mère, qui avait fini de nous faire douter, si doute nous avions eu. Alors je sais que l’un ne reprocherait pas à l’autre ce petit souci. « De toute manière, tant que le chiffre d’affaire est bon, on a pas de quoi s’inquiéter, on pourrai toujours s’arranger, mais ça, c’est plus ton domaine. De mon côté, les investisseurs japonais ont affirmé qu’ils étaient toujours derrière nous, et la firme serbe dont on avait parlé la dernière fois souhaite faire partie de nos actionnaires elle aussi. On a donc le soutient de deux pays en plus. »

Et en plein milieu de notre réunion, Laora débarqua en hurlant, ce qui nous fit sursauter Nolhan et moi. Je souris en voyant son sourire qui rayonnait et éclairais la pièce. J’étais vraiment heureux de la voir, alors je suivis inconsciemment mon frère et me mit à rire, imaginant ma tête quand j’avais sursauté. Je me levais et imitais une nouvelle fois mon frère en serrant ma sœur dans mes bras et en déposant un baiser sur sa joue. Lorsque je la relâchais, je plaisantais « C’est pas possible, tout le monde rentre ici comme chez lui. » Je me remis à rire, c’était ma famille, ça ne me dérangeait pas de les voir débarquer comme ça. Je me rassis à ta table. Nolhan avait déjà demandé ce qui nous valait le plaisir de voir notre petit monstre, nul besoin de sur-renchérir. Alors je la regardais et la taquinais : « Attention aux hanches » déclarais-je avec un clin d’œil. Je m’étirais et m’affalais au fond de mon fauteuil. « Oui, on était en petite réunion trimestrielle informelle, mais tu ne nous dérange pas, ne t’inquiètes pas. » Je regardais alors mon frère. « Bon, une petite pause s’impose. Qui veut du café ? » Je me levais et regardais mon frère et ma sœur, en attente d’une réponse.